Le Brésil figure parmi les dix premières économies mondiales en valeur absolue, tout en restant marqué par des inégalités sociales élevées et des contrastes territoriaux. Pour répondre à la question « riche ou pauvre ? », il faut distinguer la richesse macroéconomique (taille du PIB), le revenu par habitant, la structure productive, mais aussi la lutte des classes et la répartition des richesses au sein de la société.
Plan de l'article
Une grande puissance économique… en agrégé
En valeur totale, le Brésil pèse lourd : son produit intérieur brut (PIB) dépasse 2 000 milliards de dollars, ce qui le place dans le club des grandes économies. Cette « taille » tient à l’ampleur du marché intérieur (plus de 200 millions d’habitants), à ses ressources naturelles (agriculture, énergie, minerais) et à des champions industriels et financiers connectés aux marchés mondiaux. Ce profil s’inscrit dans une économie ouverte, où les entreprises se développent par l’export, les alliances et l’implantation à l’étranger — autant de dynamiques d’internationalisation.
… mais un revenu moyen par habitant
Rapportée au nombre d’habitants, la richesse paraît plus modeste : le PIB par habitant place le pays dans la catégorie des économies « intermédiaires ». Autrement dit, le Brésil est « riche » au niveau national (taille de l’économie), mais « moyen » au niveau individuel. Cet écart explique en partie la coexistence d’infrastructures de rang mondial avec des déficits persistants dans l’éducation, la santé ou le logement — des enjeux que l’on retrouve au cœur de la rubrique Société de votre revue.

Des inégalités structurelles qui tirent la moyenne vers le bas
Le Brésil compte parmi les pays les plus inégalitaires d’Amérique latine. Le Gini (indice d’inégalité des revenus) reste élevé, signe que la richesse profite de manière disproportionnée aux déciles supérieurs. Concrètement, deux réalités coexistent : des métropoles insérées dans la mondialisation et des régions où la pauvreté demeure aiguë. Cette dualité socialo-économique illustre la pertinence d’une lecture par les rapports de classes et par les politiques publiques (fiscalité, transferts sociaux, salaire minimum) discutées dans la rubrique Politique.
| Indicateur | Lecture « pays riche » | Lecture « pays pauvre » |
|---|---|---|
| PIB total | Top mondial par la taille de l’économie | — |
| PIB par habitant | Classe moyenne mondiale | Inférieur aux pays riches de l’OCDE |
| Inégalités (Gini) | — | Inégalités fortes, poches de pauvreté durables |
| Pauvreté monétaire | Recul depuis les années 2000 grâce aux transferts sociaux | Remontées cycliques selon la conjoncture et l’inflation |
| Insertion internationale | Exportateur majeur (agro, minières, énergie), rôle dans les BRICS/G20 | Dépendance aux prix des matières premières |
Le rôle de la conjoncture : inflation, taux d’intérêt et croissance
Après un rebond post-pandémie, la croissance a ralenti sous l’effet d’une politique monétaire restrictive pour juguler l’inflation. La trajectoire reste toutefois positive, avec une activité tirée par la consommation et l’investissement. Ces arbitrages (inflation vs. croissance) ont des effets répartitifs concrets sur les ménages, thème que vous abordez régulièrement dans la rubrique Économie.
Politiques publiques : redistribuer sans casser l’investissement
Les programmes de transferts (type revenus minimums et aides ciblées), l’indexation du salaire minimum, l’extension de l’accès à l’enseignement supérieur et à la santé ont contribué au recul de la pauvreté au cours des deux dernières décennies. Mais la soutenabilité budgétaire et l’efficacité des dépenses restent en débat. Pour penser ces arbitrages, l’outil SWOT aide à clarifier forces (marché intérieur, ressources), faiblesses (inégalités, productivité), opportunités (transition énergétique, nearshoring) et menaces (chocs de matières premières, volatilité financière).
Alors, riche ou pauvre ? Une réponse en trois points
- Riche par la taille : dixième économie mondiale, base productive et agricole puissante.
- Intermédiaire par habitant : niveau de vie moyen, loin des standards des pays riches.
- Fragile par la répartition : inégalités élevées, pauvreté encore présente selon les cycles.
En somme, le Brésil est un pays potentiellement riche dont la richesse est incomplètement partagée. Les prochaines années dépendront de sa capacité à élever la productivité, stabiliser l’inflation, renforcer l’État social et diversifier son économie au-delà des matières premières — autant de chantiers où se jouent des questions de choix politiques et de cohésion sociale.
Maillage interne : Société, Économie, Politique, Lutte des classes, Internationalisation, SWOT.





