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La Parisienne libérée est auteure de chansons d’actualité et chroniqueuse pour Arrêt sur Images, Mediapart, puis Basta ! Elle a récemment publié un livre sur le nucléaire, au titre cash (“le nucléaire, c’est fini”). Nous l’avons rencontré pour parler du nucléaire, un sujet que nous avons peu abordé faute de compétence, alors que dans notre pays c’est un secteur puissant, opaque et particulèrement inquiétant. Entretien par Selim Derkaoui.

Tout d’abord, comment qualifier le traitement médiatique du nucléaire en France ? Est-ce que les gens sont correctement informés ?

On peut trouver dans la presse, de temps à autres, des enquêtes passionnantes sur les questions nucléaires. Mais c’est un sujet sur lequel il manque un véritable suivi, à la fois quotidien et national.  Actuellement, il y a en France 58 réacteurs qui fonctionnent – plus ou moins ! –, dont beaucoup sont en fin de vie. Par ailleurs EDF est en train d’achèter massivement des terrains agricoles autour des centrales sans dire clairement si c’est ou non pour y construire de nouveaux réacteurs. Quelle entreprise, à part EDF, peut se permettre d’acquérir comme ça des terres agricoles sans avoir à préciser leur usage ? Quel rôle jouent les Safer, ces sociétés qui sont censées faciliter les installations agricoles, dans ce processus opaque ? Tout cela devrait, à mon avis, faire l’objet d’investigations journalistiques plus poussées.

Concernant les innombrables problèmes d’exploitation, autrement dit les pannes répétées des réacteurs, il arrive que la presse locale se fasse l’écho des communiqués d’EDF. Mais l’entreprise est en quelque sorte devenue sa propre agence de presse : elle publie son communiqué, un texte-type qui ne dit pas grand chose, et ensuite elle reste sur son axe de communication. Elle n’en bouge plus, n’apporte aucune précision. Du coup ce n’est pas évident non plus pour les journalistes de faire leur métier, qui consiste théoriquement à dépasser le rôle d’antenne-relais pour apporter au public une info documentée : bien souvent, les responsables des centrales refusent tout simplement de répondre aux questions et renvoient vers leur chargé de communication. En faisant cela, en refusant de répondre, ils sont littéralement irresponsables. Enfin, ajoutons à cela que les industries nucléaires subventionnent très largement les territoires où elles sont implantées, ce qui n’encourage pas non plus les titres locaux à l’investigation. Quant aux journaux, télés, radios subventionnés par de l’argent public, ils ne sont pas structurellement portés à la critique des politiques publiques. Qui reste-t-il, hormis quelques titres indépendants, dont, à quelques exceptions près, l’audience est nécessairement limitée ? Donc non, aujourd’hui, l’information sur les questions nucléaire en France n’est pas du tout satisfaisante.

L’entreprise est en quelque sorte devenue sa propre agence de presse : elle publie son communiqué, un texte-type qui ne dit pas grand chose, et ensuite elle reste sur son axe de communication.

Pourtant, de plus en plus de techniciens et de scientifiques parlent et s’inquiètent de l’état des centrales nucléaires et des risques encourus, non ?

Les travailleurs du nucléaire, notamment les sous-traitants, sont très régulièrement exposés à des doses de radioactivité qui menacent directement leur santé. Ils font face à des problèmes d’exploitation industrielle ou sont aussi témoins de graves dysfonctionnements dans les centrales. Certains acceptent de témoigner et il faudrait assurer une très large diffusion à leurs propos, car cela est extrêmement courageux. Les pressions managériales qu’ils subissent, le poids de la gestion néolibérale et les conditions de travail des sous-traitants du nucléaire sont de vrais sujets sociaux qui devraient faire régulièrement la Une. Faut-il attendre qu’il y ait des accidents spectaculaires, tel que celui de Fukushima, pour que le nucléaire devienne un sujet important ? Dans le moment historique actuel, les témoignages des salariés sont cruciaux, mais, comme ceux-ci risquent leur emploi lorsqu’ils parlent, leurs prises de parole sont hélas trop rares. Ce silence général est pesant.

Quelles seraient les conséquences d’une faillite d’EDF ?

C’est assez difficile à dire, mais c’est un scenario qu’il faut envisager. D’une certaine façon, la faillite d’EDF est déjà en cours, et c’est l’entreprise elle-même qui est en  train de l’organiser. Dans l’immédiat, le projet « Hercule » consiste à scinder EDF en deux entités, EDF bleu et EDF vert, pour accélérer la privatisation de certaines activités lucratives. Cette réorganisation pourrait avoir de lourdes conséquences et il n’est pas rassurant de savoir que 58 réacteurs nucléaires sont gérés par une entreprise qui se trouve en grande difficulté financière et qui pourrait être fortement tentée de repousser à plus tard des travaux de sûreté ou des fermetures de centrales.

En réalité, la politique d’investissement nucléaire actuelle est tellement problématique qu’en 2016, le directeur financier d’EDF a claqué la porte quand l’entreprise s’est lancée dans l’aventure des deux réacteurs d’Hinkley Point en Angleterre, en disant que ça allait faire couler la boite, et qu’en tant que directeur financier, il ne pouvait pas cautionner ça ! La suite ne lui a pas donné tort : on a appris le mois dernier qu’il y aurait de nouveaux surcoûts sur le chantier Hinkley Point. Le contrat avec les anglais est écrit de telle sorte que ces surcoûts vont être absorbés par EDF, comme cela a été le cas pour Areva avec l’EPR d’Olkiluoto en Finlande. Toutes ces politiques nucléaires hasardeuses ont un coût immense et seront largement financés par les contribuables français à travers l’augmentation du prix de l’électricité, la recapitalisation des entreprises en faillites par de l’argent public, l’augmentation de la dette, etc. À la fin, sur le plan financier, ce ne sont pas les finlandais ou les anglais qui paieront les erreurs d’EDF, mais  bien les contribuables français. Pour l’instant, il ne s’en sont pas encore rendus compte. Mais cela pourrait venir. Rappelons quand même que depuis plusieurs années, EDF perd un million de clients par an.

Parlons de la qualité de nos centrales. Elles sont particulièrement vieilles et usées ?

D’abord il faut savoir que toutes les centrales « françaises » sont en réalité des centrales américaines de type Westinghouse : la filière française a officiellement été abandonnée en 1969. Donc les cocoricos sur l’indépendances énergétique de la France feraient bien de la mettre en veilleuse. Par ailleurs, l’entreprise américaine Westinghouse, qui est donc la conceptrice de toutes les centrales qu’EDF exploite actuellement en France, a été mise en faillite il y a quelques années, à peu près au même moment qu’Areva.

Concernant le vieillissement des réacteurs, les problèmes qu’EDF appelle, pour les minimiser, des “incidents” sont extrêmement nombreux depuis quelques années et, pour certains, très préoccupants. Pas une semaine ne passe sans qu’un réacteur nucléaire en France ne subisse un arrêt d’urgence. Cela va du simple fusible qui saute à d’importants incendies d’origine électrique, en passant par des vannes bloquées, des pannes de turbines, et toute une série d’avaries régulières qui témoignent en effet d’une réelle fatigue des installations. Depuis que je m’intéresse à ce sujet, il y a déjà eu plusieurs déclenchements de plans d’urgence interne, dont on n’en entend quasiment jamais parler ! Il ne s’agit pas d’avaries ponctuelles, exceptionnelles, mais bien d’une situation structurelle qui implique plusieurs centaines d’arrêts d’urgence par an sur les réacteurs. Bref, oui, les centrales nucléaire françaises sont vieilles. Oui, elles sont usées. Comme les centrales belges, d’ailleurs.

D’abord il faut savoir que toutes les centrales « françaises » sont en réalité des centrales américaines de type Westinghouse : la filière française a officiellement été abandonnée en 1969.

Mais l’argument des industriels c’est de justement dire que parce qu’elles sont vieilles, il faut les changer…

En effet, depuis des années, les industriels rêvent d’un nouveau plan de construction nucléaire en France alors que la plupart des pays européens sont sortis, ou sont en train de sortir, de ce type de production électrique. Il faut bien se rendre compte qu’avant l’EPR, qui a connu d’innombrables déboires, la France n’avait pas lancé de chantier nucléaire depuis Civaux, en 1991. Le feuilleton des EPR en péril témoignent de ce qu’on appelle pudiquement une « perte de savoir-faire » liée à l’évolution historique de l’industrie métallurgique. La désindustrialisation de la France fait qu’elle n’a plus les capacités qu’elle avait dans les années 70, à la belle époque du nucléaire. La qualité des composants produits s’en ressent, et on constate aussi qu’il y beaucoup de défauts, de mal-façons, et de falsifications sur les « composants », autrement dit les pièces des centrales. Certaines ont été installées dans les usines alors qu’elles n’étaient pas conformes aux réglementations. On vient ainsi d’apprendre, toujours le mois dernier, que plus d’une vingtaine de générateurs de vapeur sont touchées par des défauts de fabrication. Seize de ces pièces défectueuses sont actuellement installées sur des réacteurs en service. Cela concerne le Blayais (Gironde), le Bugey (Ain), Fessenheim (Haut-Rhin), Dampierre-en-Burly (Loiret) et Paluel (Seine-Maritime). Autrement dit, tout le territoire français.

En 2016, un accident industriel avait d’ailleurs touché un de ces générateurs. Tu peux nous raconter ça ?

Oui, ce n’était pas lié au générateur lui-même, mais à un problème de manutention. C’était à la centrale nucléaire de Paluel, qui est située à une soixantaine de kilomètres de Rouen. Le générateur de vapeur, une pièce métallique qui pèse plusieurs centaines de tonnes et mesure plus de 20 mètres de long, est tombée de tout son long lors d’un chantier. C’est une pièce fortement radioactive, l’accident industriel aurait pu être très grave. Cela a pris presque un an pour arriver à le sortir du réacteur et cela a aussi coûté extrêmement cher. C’était la première fois qu’EDF procédait au remplacement d’un générateur dans un de ses réacteurs 1300 Mw, dans le but de prolonger la durée de vie de ces réacteurs. C’était donc un chantier pilote, qui a bien montré les limites des « compétences »  françaises en la matière et les conséquences que peut avoir le recours à la sous-traitance. L’accident a été relaté tardivement dans la presse et n’a pas fait les gros titres du JT. Aujourd’hui encore, il n’est donc pas réellement connu du grand public.

Est-ce qu’on sait démanteler des centrales nucléaires ?

Tout dépend ce qu’on entend par démanteler. Certains ont pratiqué des « démantèlements » par la méthode brutale, comme aux États-Unis, à base de dynamite ! Mais faire en sorte qu’un terrain, autrefois occupé par une centrale nucléaire, redevienne « comme avant », ça non, on ne sait pas faire. On est capable de déconstruire les bâtiments en béton qui entourent le réacteur, bien sûr. Mais dès qu’il y a de la radioactivité, c’est nettement moins évident. La toute petite centrale de Brennilis en Bretagne voit depuis des décennies son démantèlement sans cesse repoussé et montre à elle seule qu’en France, actuellement, il n’y a pas de réel savoir-faire dans ce domaine. Cela est aussi lié au fait qu’EDF refuse obstinément d’arrêter ses centrales, préférant investir dans des rafistolages et des grands projets de construction. Pendant ce temps, l’Allemagne peut se féliciter de devenir leader européen sur le marché du démantèlement, alors que la France est complètement à la traine.

Sur le plan technique, démanteler les parties radioactives du réacteur peut aussi s’avérer extrêmement dangereux pour les travailleurs. La tentation est donc grande d’attendre une baisse de la radioactivité, mais celle-ci décroit très lentement. Du coup, si on attend trop longtemps, les bétons armés et les structures des réacteurs se fragilisent, ce qui complique également l’intervention. Enfin, il y a un problème immense de financement. Qui va payer des opérations qui coûtent extrêmement cher ? Il subsiste beaucoup de doutes sur les sommes provisionnées pour cela par EDF, qui semblent très insuffisantes. Quant à démanteler une centrale après un accident, là, c’est carrément impossible.

Comment se positionne les luttes antinucléaires par rapport aux luttes climatiques ? Est-ce que le nucléaire peut « sauver le climat » ?

La plupart des militants antinucléaires prennent au sérieux la thématique du dérèglement climatique, et un certain nombre d’entre eux militent même conjointement sur les deux sujets. En revanche, les opposants à l’atome restent très largement méfiants, et à juste titre, face à l’instrumentalisation des enjeux climatiques par les adeptes du nucléaire. En effet, depuis plusieurs années, l’industrie de l’atome qualifie la production électrique nucléaire de « décarbonée », et donc de « propre », cherchant à se présenter comme la championne de la lutte contre le dérèglement climatique. L’atome laverait le climat plus blanc que blanc. En réalité, le nucléaire est tout sauf propre. Les gens qui luttent pour le climat, même s’ils ne s’intéressent pas toujours aux question nucléaires, ne sont pas dupes des manœuvre de l’industrie : des mouvements écologistes comme Alternatiba, par exemple, ont toujours été très clairement antinucléaires, il n’y a jamais eu aucune ambiguïté là dessus. Les porte-voix de l’industrie nucléaire sont donc généralement mal vus dans les manifestations pour le climat. Être écologiste et pronucléaire, cela n’a strictement aucun sens.

La plupart des militants antinucléaires prennent au sérieux la thématique du dérèglement climatique, et un certain nombre d’entre eux militent même conjointement sur les deux sujets.

Par ailleurs, comme les centrales nucléaires se trouvent toutes à proximité de la mer ou en bordure de fleuve, l’évolution des conditions climatiques rend ces usines particulièrement vulnérables aux inondation, comme on l’a vu en 1999 à la centrale Blayais. Intuitivement, tout le monde comprend bien que les inondations peuvent provoquer des coupures d’alimentation électrique et donc interrompre le refroidissement des réacteur. Mais il y a d’autres problèmes : au Blayais, par exemple, des branchages et des objets charriés par les eaux en crue avaient largement bouché la prise d’eau, ce qui mettait en péril le refroidissement des réacteurs. Outre cela, les épisodes de chaleurs et de sécheresses obligent à allumer et éteindre les réacteurs de plus en plus souvent, soit parce que l’eau est trop chaude pour les refroidir, soit parce que le débit d’eau est insuffisant. Toutes les manœuvres nécessaires à ces ajustement peuvent occasionner des erreurs d’exploitation. Enfin les tempêtes et les vents, de plus en plus violents avec les nouvelles conditions climatiques, peuvent provoquer des ruptures d’alimentation électrique.

Dans les années 70, lorsque ces réacteurs ont été conçus, la thématique du dérèglement climatique n’était pas aussi connue qu’aujourd’hui et ces problèmes n’ont pas été anticipés lors de la conception des centrales, contrairement à ce que prétend l’industrie. Quant aux EPR, ils ne sont pas tout neufs non plus : ils ont été conçu après Tchernobyl, dans les années 90, à une époque où le dérèglement climatique n’était pas encore à l’ordre du jour. Au passage, signalons que ces nouvelles menaces liées à l’imprévisibilité climatique concernent très directement les centrales nucléaires, mais aussi d’autres industries, comme l’industrie chimique.

En réaction aux retards et surcoûts des chantiers EPR en France, en Angleterre et en Finlande, Bruno Le Maire a estimé le 29 septembre sur RTL que « toutes ces dérives sont inacceptables » et qu’ « elles ne sont pas à la hauteur de ce que EDF représente et de l’expertise française en la matière ». C’est « un avertissement sérieux adressé par le ministère de l’économie à la filière nucléaire » selon le journal Le Monde. Tu en penses quoi ?

Globalement, je n’ai aucune confiance dans un gouvernement qui a placé comme Premier ministre un ancien d’Areva. Et j’imagine difficilement quelqu’un comme Emmanuel Macron faire un véritable travail de dénucléarisation. Depuis plusieurs décennies, l’industrie nucléaire rêve d’un grand plan de construction d’EPR, d’une sorte de plan Messmer II, bref, d’un grand « renouveau » nucléaire. À ce jour, je n’exclus pas qu’EDF obtienne des gages sur des garanties de prix de l’électricité qui leur permettraient de lancer effectivement un tel programme. Il est officiellement prévu que la décision soit prise en 2021, ce qui laisse encore deux ans aux industriels pour faire valoir leurs intérêts auprès de l’État. Mais dans les faits, il faut bien comprendre qu’EDF et État De France sont deux entités intimement liées. S’imaginer qu’il y puisse y avoir un vrai rapport de force entre elles alors que la filière nucléaire est présente au coeur même de l’Etat français et que des responsables des politiques publiques font carrière en empruntant régulièrement la passerelle interne qui va de l’un à l’autre, c’est absurde. Ce serait prendre au sérieux la communication politique et penser que Bruno Le Maire tape du poing sur la table pour défendre l’intérêt général. Il me semble qu’il s’agit plutôt de mettre en scène un rapport de force qui n’existe pas, ou en tout cas pas suffisamment, et préparer ainsi le terrain pour ce que les fans de l’atome appelle « le nouveau nucléaire » – qui n’est guère différent de l’ancien.

S’imaginer qu’il y puisse y avoir un vrai rapport de force entre elles alors que la filière nucléaire est présente au cœur même de l’Etat français et que des responsables des politiques publiques font carrière en empruntant régulièrement la passerelle interne qui va de l’un à l’autre, c’est absurde.

Une autre interprétation de ces propos pourrait se placer au niveau européen. L’Allemagne est sortie du nucléaire en 2011 et c’était le principal allié de la France, avec l’Angleterre, sur cette option industrielle. De nombreux pays européens ont des bonnes raisons de s’inquiéter des dangers que fait peser le nucléaire français sur leur territoire, en termes de contamination, et il peut y avoir des pressions européennes, en particulier allemandes, pour que la France renonce à cette filière dangereuse. Dans cette hypothèse, le « coup de gueule » de Bruno Le Maire serait plutôt à entendre comme une prise de parole d’ordre diplomatique.

Troisième et dernière hypothèse : c’est de la pure propagande. En effet, ce que les nucléaristes appellent « l’acceptabilité » est très faible pour l’EPR, en raison des graves problèmes du chantier, de son coût extrême, du fait que cette usine gigantesque va sans doute être mise en marche alors même que l’autorité de sûreté reconnaît que des pièces essentielles à son fonctionnement ne sont pas de qualité satisfaisante. Si l’Etat annonçait dès maintenant sa volonté de mettre des EPR aux quatre coins de la France, et présentant clairement les coûts associés à ce projet, il y aurait probablement un refus net et franc de la population. En outre, cela laisserait ainsi deux ans aux gens pour s’organiser politiquement et se soulever contre la multiplication des EPR en France. Avec ses grandes déclarations, Bruno Le Maire endosse théâtralement le rôle du « français mécontent » face à la gestion calamiteuse d’EDF et cherche à gagner du temps pour permettre au gouvernement de faire une annonce bien synchronisée avec le démarrage supposé de Flamanville. Tout ceci étant dit, je ne suis pas – fort heureusement pour moi ! – dans la tête de Bruno Le Maire.

“Alors que les géants du secteur font faillite les uns après les autres, l’industrie nucléaire est désormais directement menacée par d’innombrables tempêtes, inondations, sécheresses et canicules, toujours plus brutales. Manifestement, le climat a choisi son camp : il est antinucléaire. Mais pouvons-nous compter sur la dégradation des conditions financières et climatiques pour mettre fin à une production qui reste étroitement liée à des enjeux politiques et militaires ? Toute l’industrie atomique s’est édifiée sur les solides fondations d’un silence nucléaire qui a recouvert jusqu’à la mémoire des oppositions – comme en témoigne l’histoire, largement méconnue en France, de la lutte basque contre la centrale de Lemoiz.
Mêlant enquête et récits, ce livre déroule le fil de notre condition nucléaire et plaide pour un déconfinement radical. Plus qu’un diagnostic, c’est le signal d’une rupture : le nucléaire, c’est fini !”