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Nous y voilà, les vacances de fin d’année, pour celles et ceux qui ont la chance d’en avoir, ont commencé, bientôt suivies des vacances dites “d’hiver” en février, spécialement conçues pour que les familles bourgeoises puissent aller s’éclater dans la poudreuse. Par conséquent, nos chers journalistes se sentent autorisés à consacrer un sujet par soirée aux stations de ski, alors que seuls 8 % des Français y vont au moins une fois tous les deux ans.

On nous propose la météo des stations de ski chaque soir alors que 95 % de la population n’en a rien à carrer, dans le fond, car elle n’aura pas les moyens ou l’envie d’y mettre les pieds.

Avec la grève, France 2 nous a fourni le 27 décembre un double combo de ce nombrilisme de classe dont les journalistes du “service public” sont coutumiers : un reportage entier consacrée à celles et ceux qui galèrent pour revenir de leurs vacances au ski… à cause des foutus cheminots, bien sûr.

Hier soir, le même journal télévisé nous emmenait carrément à la station huppée de Courchevel, en Savoie, pour nous informer de la diversification de son offre : désormais, il est possible d’y faire du surf sur une vague artificielle conçue dans un centre aquatique d’altitude pour la modique somme de 30 € la demi-heure.

Oui, vous avez bien entendu, un “centre aquatique d’altitude”, dont France 2 fait la promotion juste après un reportage sur les incendies en Australie. La cohérence écologique repassera, l’empathie sociale envers les téléspectateurs aussi : 30€ la putain de vague, un prix annoncé à la France des fins de mois difficiles. Interrogés par le service public (nos impôts), ce sont des bourgeois à belle mine qui racontent pourquoi, pour eux, c’est mieux de ne pas faire QUE skier quand ils vont en montagne l’hiver. On n’en parle pas assez, de ça.

L’obsession médiatique pour le ski n’est qu’un exemple parmi d’autres illustrant le fait qu’à la télévision, 70 % des gens qui interviennent sont des cadres ou des personnes issues des professions intellectuelles supérieures. Un an après le début des Gilets jaunes, que les journalistes ont nommé “les invisibles” (parce qu’invisibles dans leurs foutus reportages et magazines), les choses n’ont guère changé.

L’homogénéité sociale au sein des écoles de journalisme n’est pas qu’un problème en terme d’égalité sociale d’accès à ce métier. C’est surtout une catastrophe pour notre société qui ne peut s’informer qu’à travers un miroir déformant, ou pour illustrer le quotidien des vacances de fin d’année, c’est un bourgeois bronzé surfant une vague dans un centre aquatique d’altitude qui nous est proposé.