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Les affaires du candidat Macron sont bien arrangées par les éditorialistes qui font semblant de s’interroger sur son positionnement « centre-gauche ou centre-droit ? » : il sort gagnant dans tous les cas : il se trouve dans la zone centrale de la rationalité (par opposition aux « extrêmes ») et pas trop à droite non plus pour représenter le progressisme (sociétal s’entend).

Pourtant cette soi-disant reconfiguration de « l’échiquier politique » qu’il mène en rassemblant « au-delà des clivages » (la liste de ses soutiens établie par Le Monde qui mériterait d’être actualisée) est en train de réaliser l’UMPS longtemps dénoncé par Marine Le Pen et donc de constituer un pôle extrême des idées politiques en France. Le Premier ministre Bernard Cazeneuve au bureau national du PS le 20 mars, cité par Le Canard, en a pris bonne note : « Si ce “ni-droite ni-gauche” venait à l’emporter, il ne resterait comme alternative que les extrêmes, notamment l’extrême droite ».

La représentation des idées politiques en forme de cercle ou de demi-cercle (qui a une Histoire) est bien commode pour l’esprit, mais surtout bien pratique pour les puissants qui accommodent leurs intérêts à la sauce centro-républicaine. Macron construit un pôle avec ces continuateurs d’un ordre établi profondément inégalitaire, en cela il est en fait un radical, un extrémiste, un fondamentaliste du libéralisme, qui veut perpétuer des logiques libérales néfastes (le développement du libre-échange au détriment de la planète, l’uberisation, l’affaiblissement du droit du travail, des services publics et de la Sécurité sociale), des logiques anti-démocratiques (à l’œuvre dans l’actuelle construction européenne), des logiques inhumaines vis-à-vis des demandeurs d’asile comme des Français les plus pauvres.

Alors est-ce que la rationalité, centrale si l’on veut (peu importe qu’on dessine un demi-cercle, une coquille d’escargot ou une crotte de chien), ce ne serait pas un pôle politique qui s’oppose à ces logiques pour proposer plus de redistribution et d’égalité ? Nous on pense que si.