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Antoine Foucher est le directeur de cabinet de la ministre du Travail et c’est donc lui qui a conçu la majeure partie des ordonnances réformant le Code du travail. Dans un portrait hagiographique que Le Monde a fait de lui en octobre dernier, il est décrit comme « un chef d’orchestre au travail » et « la cheville ouvrière des réformes sociales ». Les termes utilisés sont un peu mensongers car non seulement une réforme comme les ordonnances n’a rien de très « social » mais surtout Antoine Foucher est la « cheville patronale » ou plutôt sa courroie de transmission puisqu’il y a un an encore, il faisait partie de la direction du Mouvement des entreprises de France, en charge de la négociation avec les syndicats sur plusieurs dossiers comme les retraites ou la pénibilité.

Il était à la direction du MEDEF lorsque celui-ci s’est battu férocement contre l’entrée en vigueur du compte pénibilité, dispositif qui permet aux salariés occupant un poste à risque de partir plus tôt à la retraite. Un an auparavant, son président, Pierre Gattaz, demandait aux entreprises de ne pas communiquer leurs fiches d’exposition à la pénibilité pour combattre cette mesure qu’il jugeait « trop compliquée » (pour ne pas dire trop coûteuse).

Avec l’arrivée au pouvoir de Macron et la nomination de Muriel Pénicaud au ministère du travail, celui qui combattait pour le MEDEF le compte pénibilité a pu l’abroger d’un coup avec les ordonnances réformant le Code du travail. Avec Antoine Foucher, le MEDEF voit ses intérêts bien gardés et ses éléments de langage repris. Quand on lui demande pourquoi elle supprime le compte pénibilité, la ministre répond « parce que c’était trop compliqué ».

Quand la République est infiltrée directement par le syndicat patronal, comment s’étonner qu’elle soit incapable de produire autre chose que des lois antisociales ?