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La corporation des grands journalistes pose un problème de taille à la démocratie : elle est son propre juge. Si toutes les professions passent par le laminoir du jugement médiatique (en ce moment ce sont les cheminots), ce n’est pas le cas des journalistes eux-mêmes. Leurs difficultés et leurs méthodes ne sont traitées que du point de vue de la victimisation.

Ces derniers jours en sont l’énième démonstration : dans le Monde, au JT de la 2,

Le journaliste Laurent Delahousse en plein exercice de son “4e pouvoir” face au président de la République : “C’est pas une légende, vous dormez très peu ?”

dans l’ensemble de la presse magazine, ça se victimise très très fort sur la haine dont les médias seraient l’objet de la part des mouvements politiques d’opposition. Une façon commode pour mettre la France Insoumise et le Front National dans le même sac, ce qui constitue aussi une véritable obsession professionnelle dans ce milieu-là.

Hier soir au JT de la 2, les principes élémentaires enseignés dans les écoles de journalisme n’avaient plus cours : une présentation schématique, aucune explication du phénomène (pourquoi les politiques crachent sur les médias ? pourquoi tant de gens s’en méfient ?) et surtout aucun contradictoire : pas le moindre micro-trottoir pour demander aux “Français” ce qu’ils en pensent, comme il est de mise quand on parle des cheminots par exemple.

 

Une armée de journaliste d’investigation tentant de révéler les dessous de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.

Ça chouine fort dans la corporation, au nom de la “démocratie” et de la “liberté de la presse”, mais c’est un chouinage sélectif : nulle tirade contre le président de la République par exemple, qui a écarté consciencieusement les journalistes de l’Élysée ou qui a insulté l’audiovisuel public. Être tenu en laisse par le pouvoir, aucun problème ! On se souvient de cette meute de journalistes parqués dans une remorque pour avoir l’infinie honneur de filmer une des mises en scène de Nicolas Sarkozy à cheval en Camargue. Il en va de même avec Macron, qui joue au sous-marinier ou au pilote de chasse dans des mises en scènes qui devraient scandaliser tout grand “démocrate” : les journalistes n’y trouvent pas grand chose à redire et jouent le jeu.

On ne trouvera pas non plus un mot contre les grands propriétaires de la presse, ces milliardaires qui régissent les rédactions et achètent titres sur titres.

Derrière ces grandes tirades sur la “liberté d’expression” et le “4e pouvoir”, les grands journalistes veulent le beurre et l’argent du beurre : qu’on les laisse être des larbins du pouvoir et des puissants mais sans subir la moindre critique de la part des citoyens. Qu’ils ne comptent pas sur nous

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